Suivant une interview accordée lundi, au site Middle East Eye, Zainab Bangura, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur la violence sexuelle dans les conflits armés, affirme que le degré de violence sexuelle infligée aux femmes par l’Etat islamique a atteint un niveau alarmant, au point de brûler vive une jeune femme qui a refusé de pratiquer un acte sexuel extrême.
La violence sexuelle, pire de jour en jour
Au début du mois de Mai, Zainab Bangura fut de retour d’une mission de quinze jours qu’elle a effectuée en Syrie et en Irak. Elle rapporte alors que la violence sexuelle envers les 1500 femmes détenues comme esclave sexuel s’empire de jour en jour.
« Les femmes et les filles courent un risque et sont sous la menace en permanence » déclare-t-elle.
Par ailleurs, les exemples dont elle a cités témoignent des actes de barbaries que subissent les femmes sous l’organisation Etat islamique.
« Ils commettent des viols, de l’esclavage sexuel, de la prostitution forcée et d’autres actes d’une brutalité extrême. Nous avons entendu parler du cas d’une jeune fille de 20 ans brûlée vive parce qu’elle avait refusé de pratiquer un acte sexuel extrême. Nous avons pris connaissance de beaucoup d’actes sexuels sadiques. Nous nous battons pour tenter de comprendre la mentalité des gens qui commettent ces crimes ».
L’apparence physique, la taille des seins et la virginité comme critères de sélection
Durant son interview, elle continue à raconter le destin tragique des filles et des femmes en Irak et en Syrie, qui sont triées en fonction de leur apparence physique, de l’état de leur hymen et de la taille de leur bonnet, avant d’être mises sur le marché.
« Après avoir attaqué un village, l’Etat islamique sépare les femmes et les hommes et exécute les hommes âgés de 14 ans et plus. Les filles et les mères sont séparées ; les filles sont déshabillées, on examine si elles sont vierges ou non, on évalue la taille de leurs seins et leur beauté. Les plus jeunes, et celles considérées les plus jolies, atteignent les prix les plus élevés et sont envoyées à Raqqa, place forte de l’organisation » détaille Zainab Bangura.
Selon la représentante, il revient aux cheikhs de l’El de choisir en premier parmi le « bétail », viennent ensuite les émirs. Le « reste » est distribué aux combattants.
« Ils prennent souvent trois ou quatre filles chacun et les gardent un mois environ, jusqu’à ce qu’ils soient lassés de la fille et qu’elle soit renvoyées sur le marché » raconte Zainab Bangura.
Il arrive parfois qu’une fille ait été revendue 22 fois.
Aucune échappatoire pour les filles et les femmes
Alors que certaines tentent de s’évader, d’autres veulent se donner la mort pour échapper à cet enfer qu’elles endurent. Et pourtant, l’Etat islamique ne leur laisse aucune échappatoire. En effet, il leur fera payer d’avoir voulu se suicider.
Comme le cas de trois esclaves qui ont voulu se suicider en ingurgitant de la mort aux rats. « Elles ont commencé à vomir et ont été amenées en urgence à l’hôpital pour y subir un lavage d’estomac. Une fois de retour, elles ont été brutalement violentées ».
La violence sexuelle, tactique de guerre
Selon un rapport de l’ONU, il s’avère que la violence sexuelle exercée par l’Etat islamique à l’instar de Boko Haram, ferait partie d’une « tactique de guerre » contre la population.
« La violence sexuelle fait partie de la stratégie appliquée par l’Etat islamique pour répandre la terreur, persécuter les minorités ethniques et religieuses et supprimer des populations entières qui s’opposent à leur idéologie. »
En outre, pour recruter des combattants au sein de leur organisation, l’Etat islamique use de la « promesse de mariage » aux combattants étrangers. Il s’agirait d’ailleurs d’une stratégie courante sur le territoire contrôlé par l’Etat islamique.
« Le mariage forcé, la réduction en esclavage et la vente de femmes et de filles enlevées occupent une place centrale dans le modus operandi et l’idéologie de Boko Haram ».
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